The Reader

Fin juillet, je suis allée voir The reader.

Déjà, premier souci avec la photo de l'affiche, on y voit Kate Winslet et Ralph Finnes, dans une scène totalement improbable, puisque lorsque Hanna (Kate Winslet) est jeune, Michael (Ralph Finnes) l'est encore plus et son rôle est joué par David Kross, et je trouve très dommage qu'il ne soit pas sur l'affiche, d'autant que son rôle est beaucoup plus long que celui de Ralph et beaucoup plus émouvant (et certainement difficile aussi...) J'ai découvert avec plaisir ce jeune acteur, dont le physique, un peu ingrat, colle bien avec l'apparence des adolescents de cette époque. Je compare son apparence avec celles des acteurs de Vera Drake (un chef d'oeuvre !).

J'avais lu (et beaucoup aimé) le livre de Bernhard Schlink il y a quelques années. Comme beaucoup d'oeuvres touchant à l'Allemagne pendant et après-guerre, il m'avait beaucoup touché. Il faut dire que mon père, alsacien, a vécu la guerre en Alsace allemande (interdiction de parler français à l'école, du jour au lendemain rédiger ses devoirs en allemand (avec écriture gothique !)... ). Des cousins plus âgés se sont retrouvés enrôlés dans les SS. Lorsque j'étais petite, les sujets de conversation de mes grand-parents tournaient beaucoup autour de La Guerre... Et donc des films comme celui-ci (ou La Chute ) trouvent une résonnance en moi.

L'histoire est connue : un jeune allemand devient l'amant d'une femme qui lui demande de lui faire la lecture. Il va lui faire découvrir des auteurs classiques, des bandes dessinées, des auteurs plus modernes et de tous les pays (Homère, Tolstoï, Lawrence, Tintin...) Un jour, elle abandonne son domicile sans le prévenir. Quelques années plus tard, étudiant en droit, Michael retrouve Hanna sur le banc des accusées, lors d'un procès d'anciennes gardiennes de camps de concentration. Il n'osera pas  lui parler, ni dévoiler son secret, qu'il a mis longtemps à découvrir : Hanna est analphabète et en a honte. Elle préfère endosser toutes les fautes de ses camarades plutôt que de l'avouer.
Plusieurs années plus tard, Michael, alors avocat et père divorcé, renoue avec Hanna en lui envoyant en prison, des cassettes de livres qu'il a enregistrés pour elle...

 

Comme dans La Chute, le problème que pose ce livre/film est celui de la culpabilité des anonymes allemands pendant la guerre. Tous ceux qui ont participé, de près ou de loin, aux horreurs perpétrées par les nazis. Que ce soit comme gardienne de prison illettrée ou en tant que secrétaire personnelle d'Hitler, le point de vue est le même. Peut-on désobéir, doit-on le faire ? Doit-on fermer les yeux, tenter de sauver les victimes ? Le jugement de Michael envers sa première maîtresse est très dur. On ne sent jamais le pardon, l'excuse, l'empathie... Au contraire, il la rejette avec d'autant plus de force qu'il a été mêlé à son proche passé. On sent qu'il veut s'en débarrasser, comme il veut se débarrasser de son adolescence un peu gauche. Ce n'est que tardivement qu'il reprendra le contact avec elle, et encore, peu de contacts physiques, pas de compassion, plutôt comme un devoir...

Kate Winslet est parfaite dans ce rôle où on la voit parler de son passé sans remords, sans comprendre vraiment qu'elle s'enlise elle-même, s'accuser de toutes les fautes, un peu comme si elle voulait par là, se punir, non pas de ses actes (qu'elle ne regrette apparemment pas) mais de son ignorance...

Mon seul regret en sortant a été que le film ne soit pas tourné en allemand. Entendre les personnages s'exprimer en anglais, lire en anglais, dénature un peu l'ambiance du film, qui sinon reflète parfaitement (l'idée que je me fais ?) l'Allemagne d'après-guerre...