Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
Publicité
Newsletter
Archives
Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
15 décembre 2014

La Ballade de la geôle de Reading

Dans le cadre du Challenge Oscar du 160 ème, organisé par Cryssilda, ce mois-ci j'ai lu La Ballade de la geôle de reading.

oscar

Wilde a été emprisonné pour "actes grossièrement immoraux" dans la prison de Reading. Pendant qu'il y séjournait, un autre condamné Charles Thomas Wooldridge fut pendu pour le meurtre de sa jeune femme.

C'est après sa libération qu'Oscar Wilde raconte dans un long poème (un trentaine de pages) la prison, l'enfermement, les détenus qui tournent dans la cour, le condamné à mort isolé, l'attente de l'exécution, la pendaison, le bourreau et l'enterrement du cadavre recouvert de chaux vive. Les strophes se succèdent, pesantes et lancinantes.

J'ai choisi une version bilingue du texte, mais j'ai très vite arrêté de lire les deux versions en parallèle, car le texte anglais est beaucoup plus fort que la traduction française qui parfois semble lourde et maladroite.

On est, évidemment, loin de l'auteur léger et caustique de ses oeuvres précédentes. Ce texte est le dernier qu'à fait paraître Wilde, sans nom d'auteur, mais sous son matricule de prisonnier. J'y ai trouvé beaucoup de lassitude, de désespoir et cependant beaucoup d'humanité.

Voici un extrait, que je trouve très fort.

geole

I know not whether Laws be right,
Or whether Laws be wrong;
All that we know who lie in gaol
Is that the wall is strong;
And that each day is like a year,
A year whose days are long.

But this I know, that every Law
That men have made for Man,
Since first Man took his brother’s life,
And the sad world began,
But straws the wheat and saves the chaff
With a most evil fan.

This too I know—and wise it were
If each could know the same—
That every prison that men build
Is built with bricks of shame,
And bound with bars lest Christ should see
How men their brothers maim.

With bars they blur the gracious moon,
And blind the goodly sun:
And they do well to hide their Hell,
For in it things are done
That Son of God nor son of Man
Ever should look upon!

 traduction de Bernard Pautrat :

J'ignore, quant à moi, si les Lois ont raison
Ou si les Lois ont tort ;
Tout ce que nous savons, gisant dans la prison,
C'est que le mur est fort,
Et que chaque journée ressemble à une année,
Une année aux longues journées.

Je sais pourtant ceci : c'est que toutes les Lois
Que pour l'Homme ont faites les hommes,
Du jour qu'un premier Homme à son frère ôta vie,
Que débuta le triste monde,
Sont un très mauvais van qui, répandant le grain,
Ne sait retenir que la balle.

Et puis je sais ceci - la sagesse serait
Que tout homme le sache aussi - :
C'est que chaque prison que les hommes bâtissent
Est bâtie de briques de honte,
Et ceinte de barreaux pour empêcher que Christ
Ne puisse voir comment l'homme estropie son frère.

Ils souillent de barreaux la gracieuse lune,
Ils aveuglent l'ample soleil :
Et ils ont bien raison de cacher leur Enfer,
Car il se fait ici des choses
Que ni Fils de Dieu ni fils d'Homme
Ne devrait au grand jamais voir !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité