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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
19 septembre 2016

Jane Eyre, le livre...

jane-eyre-audio

 

... ou plutôt l'audio-book ! car sur ce coup-là, j'ai fait ma feîgnasse...

En visionnant les différentes versions de Jane Eyre, je me suis rendue compte que, si je connaissais l'histoire pour avoir vu un ou deux films, je n'avais en fait jamais lu le livre ! Mais comme ma PAL pour l'été était déjà bien haute, j'ai opté pour la version audio, qui me permet de broder en même temps. 

L'audio-book, emprunté à la bibliothèque, est lu par Mélodie Richard, une comédienne parfaite pour ce texte. Sa voix est jeune, sensible, sait se moduler lorsqu'il s'agit d'interpréter les différents personnages.

 melodie-richard-2

Comme Le Professeur, premier roman de Charlotte Brontë, refusé par les éditeurs et publié à titre posthume, Jane Eyre est un roman d'apprentissage. Son sous-titre Mémoire d'une gouvernante, indique un côté autobiographique, même si Charlotte est loin d'avoir eu la même vie que Jane Eyre... Mais on retrouve beaucoup d'épisodes ou de références autobiographiques : 

La vie au pensionnat et ses conditions de vie très rudes, ainsi que les petites filles qui y mouraient, est un souvenir de l'école où sont allées les soeurs aînées, mortes enfants. Jane qui devient maîtresse, après avoir été élève, fait penser à Charlotte à l'Institution de Bruxelles. Emily et Anne ont également été gouvernantes dans des familles nobles. La scène de l'incendie du lit de Mr Rochester, est un rappel de celui arrivé à Branwell, le frère de Charlotte. Et les deux soeurs Rivers, avec qui Jane étudie, quand elles l'ont recueillie après sa fuite de Thornfield, font irrémédiablement penser à Anne et Emily...

 Jane est le type même de la pauvre orpheline, à l'enfance malheureuse, qui doit subir de nombreux revers, vivre différentes aventures, avant de mériter une fin heureuse...

Edward Rochester est un séducteur aigri. Un mariage arrangé et malheureux dans sa jeunesse, l'a privé d'un bonheur qu'il aurait pu espérer. Un héritage miraculeux, qui lui permet de vivre à sa guise, sans se soucier des autres, va l'aider à oublier. Des voyages en France, en Italie, de nombreuses maîtresses et une bonne dose de cynisme vont faire de lui un homme désabusé, mais séduisant pour certaines, car il semble un "bon parti".

Lorsque Jane Eyre arrive à Thornfield, elle a déjà un lourd passé de misère et de malheur derrière elle. La haine de sa belle-mère, de ses cousins, le pensionnat aux conditions spartiates, lui ont forgée un caractère soumis. Malgré cela, elle est consciente de sa valeur et refuse ce qui lui semble indigne. Chez Mr Rochester elle trouve un semblant de famille, Mrs Fairfax, la jeune Adèle et sa nourrice française et, pour la première fois, elle ne se sent pas repoussée, mais acceptée.

Quant Rochester découvre cette jeune gouvernante, il ne la considère pas plus que les autres femmes avec lesquelles il joue. Mais, peu à peu, il sera surpris par son caractère, sa franchise et sa probité. Il aura cependant beaucoup de mal à (s')avouer qu'il est tombé amoureux de cette étrange jeune fille, si différente. Il lui faudra aller très loin, lui faire croire qu'il va se marier avec une autre, qu'elle va devoir partir, pour enfin voir la réaction de Jane et comprendre qu'elle aussi l'aime.

Mais Jane refusera tout compromis, et lorsque la vérité sera dévoilée, elle préférera tout quitter que de vivre dans le "déshonneur". Elle part effectivement sans rien, tente d'échanger son foulard contre un morceau de pain. Lorsque les Rivers vont la recueillir, elle insistera pour travailler et quand elle apprend qu'elle a hérité d'un oncle qu'elle n'a jamais connu, elle partage cet argent avec eux, en qui elle découvre, à cette occasion, des cousins.

Jane n'accepte aucune concession. Lorsque St John lui demande de partir en Inde avec lui, en tant qu'épouse de missionnaire, elle refusera dans un premier temps, puis acceptera de l'accompagner, mais comme frère et soeur, car elle ne l'aime pas. Heureusement, un soir elle croit entendre la voix de Rochester qui l'appelle et décide alors de retourner à Thornfield. Cet élèment, qui fait entrer du fantastique dans l'histoire, a été interprété de diverses façons dans les adaptations. La plus remarquable est dans le film de Robert Stevenson  en 1944. 

Ce n'est que lorsqu'elle apprend que Rochester est veuf, ruiné et défiguré, alors qu'elle est maintenant riche, qu'elle va retourner vers lui et l'épouser enfin. Dans les films, Rochester est en piteux état, mais  le texte de Charlotte Brontë est beaucoup plus cruel : " un de ses yeux était sorti de sa tête, et une des ses mains était tellement abîmée, Que M. Carter, le chirurgien, a été obligé de la couper immédiatement ; son autre oeil a été brûlé, de sorte qu'il a complètement perdu la vue, et qu'il est maintenant sans secours, aveugle et estropié."

Sous ses airs de jeune fille respectueuse de la religion et des convenances, Jane Eyre est en fait l'une des premières héroïnes féministes. Petite fille, elle refuse de se soumettre, donne toujours sa version de la vérité au risque d'être punie et du coup passe pour une méchante fillle. J'aime beaucoup la scène où Mr Brockelhurst, le directeur du pensionnat l'interroge sur l'Enfer...

« Il n'y a rien de si triste que la vue d'un méchant enfant, reprit-il, surtout d'une méchante petite fille. Savez-vous où vont les réprouvés après leur mort ? »
Ma réponse fut rapide et orthodoxe.
« En enfer, m'écriai-je.
– Et qu'est-ce que l'enfer ? pouvez-vous me le dire ?
– C'est un gouffre de flammes.
– Aimeriez-vous à être précipitée dans ce gouffre et à y brûler pendant l’éternité ?
– Non, monsieur.
– Et que devez-vous donc faire pour éviter une telle destinée ? »
Je réfléchis un moment, et cette fois il fut facile de m'attaquer sur ce que je répondis.
« Je dois me maintenir en bonne santé et ne pas mourir.

Jeune fille elle refuse de dépendre de quiconque et s'arrange toujours pour travailler, selon ses compétences, afin de gagner sa vie. Lorsqu'elle n'a plus rien, elle ne tente pas de mendier, ni d'apitoyer les gens. Elle essaye le troc ou la promesse de rembourser par son travail.

 

J'ai été ravie de découvrir ce chef d'oeuvre de Charlotte Brontë, à côté duquel j'étais passé autrefois. Et je comprend qu'il continue d'être régulièrement adapté et qu'il puisse être source d'inspiration...

  

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