Juin : Jonathan Swift

 

L'écrivain de juin est Swift, bien connu pour ses Voyages de Gulliver.
Le plus connu est naturellement le Voyage à Lilliput, mais il y a en fait quatre  voyages.
Comme les Contes de Voltaire, Swift prend prétexte de la description de peuples étrangers pour faire une critique des coutumes et moeurs de son temps et proposer des alternatives, par exemple en matière d'éducation des enfants.

Le Voyage à Lilliput nous présente le personnage : troisième de cinq fils, le narrateur se présente comme peu fortuné, mais ayant fait diverses études de mathématiques, de pilotage, puis un apprentissage chez un chirurgien, qui lui permet de s'engager sur un bateau en tant que tel. Après plusieurs voyages, il prend une épouse, s'installe comme médecin, puis reprend encore la mer, ce qui lui permet de s'enrichir un peu. Toujours attiré par les voyages, il embarque à nouveau et ses aventures vont ainsi  débuter.

A la suite d'un naufrage, il se retrouve sur l'île de Lilliput, où les habitants sont minuscules. On connaît tous les lilluputiens. Le narrateur rebaptisé "Homme montagne" reste un temps prisonnier, puis apprend leur langue, étudie leurs coutumes et va même aider l'empereur à vaincre ses ennemis de l'île voisine de Blefuscu.
Les habitants se divisent en deux factions, les talons hauts et les talons bas, qui sont cause de dissension. De même la querelle originelle entre Lilliput et Blefuscu provient du côté par lequel on doit entamer son oeuf à la coque (les gros boutiens étant hors la loi depuis que le fils d'un ancien empereur s'était coupé un doigt en agissant ainsi).
Mais notre héros, au départ admiré et nourri par l'empereur, va s'attirer les foudres d'une partie des courtisans, qui, prenant pour pretexte qu'il a uriné sur le Palais impérial pour sauver la Reine d'un incendie, le condamne à avoir les yeux crevés et à mourir à petit feu.
Gulliver se réfugie alors sur l'île de Blefuscu, et réussit à quitter le pays à l'aide d'une chaloupe naufragée et réparée avec l'aide de ses habitants. Il croisera rapidement un navire qui le ramenera chez lui.

Voyage à Brobdingnag : Deux mois après son retour Gulliver reprend la mer. Lors d'une tempête il est séparé de l'équipage et se retrouve sur une île qu'il explore à nouveau. Cette fois-ci les habitants sont des géants par rapport à lui. Il est recueilli par un laboureur qui le ramène chez lui. Sa fille s'occupe de lui comme d'une poupée vivante. Mais son "maître" décide de l'exposer sur les marchés, comme une bête de foire et de faire payer pour le voir. 
Il sillonne le pays, toujours accompagné de sa fille et fini par le vendre au Roi.
C'est à nouveau l'occasion pour lui, après avoir appris la langue, de comparer les coutumes, les sciences et les gouvernements de l'Angleterre et de ce pays. Le roi critique beaucoup les guerres et le gouvernement, tels qu'ils lui sont présentés, ce qui fâche beaucoup Gulliver.
La distanciation permet aussi à l'auteur quelques piques dont il ne se prive pas. "ce pays, aussi bien que l’Angleterre, est peuplé de gentilshommes fainéants et désoeuvrés. "
Lors d'un séjour en bord de mer, la caisse où il se trouve enfermé est emportée par un aigle et relâchée en pleine mer, où un bateau anglais va le recueillir et lui permettre de rentrer chez lui.

Voyage à Laputa, aux Balnibarbes, à Luggnagg, à Gloubbdoubdrie et au Japon.

Le troisième voyage de Gulliver commence comme les précédents. Il embarque sur un navire, puis après un épisode déplaisant, cette fois-ci il s'agit d'une attaque de pirates, il se retrouve seul sur un territoire inconnu... Cette fois-ci c'est l'île de Laputa qui vient à lui, puisqu'il s'agit d'une île volante. La même qu'on retrouve chez Miyazaki dans l'animé Le Château dans le ciel.
Là encore, il apprend rapidement la langue, décrit les bizzareries de ce nouveau monde. Ici les hommes sont tellement pris dans leurs pensées, qu'ils sont accompagnés de domestiques chargés de les réveiller lorqu'ils doivent écouter ou répondre. La vie des habitants est gouvernée par les mathématiques, la musique et l'astronomie.
Très vite Gulliver s'ennuie et on le débarque aux Balnibarbes où il est fort étonné de voir des maisons en ruines, des champs non cultivés et des hommes très pauvres. On va lui expliquer que des savants ont décidés de révolutionner les anciennes pratiques et techniques, selon des nouveaux raisonnements, mais qui malheureusement ne donnent pas les résultats escomptés.
Ainsi on fait labourer les champs à des cochons, en enfouissant des glands dans la terre. Mais les cochons ne retournent pas la terre en sillons très droits et massacrent tout. De même on décide que les charettes ne seront plus tirées par des chevaux, mais navigueront à la force du vent, comme les bateaux sur la mer... A nouveau l'ennui le gagne et il pense à retourner en Angleterre...
Il décide pour cela de se rendre à Luggnagg, qui entretient un commerce régulier avec le Japon, et donc espère ainsi rentrer chez lui. Il fait un détour par l'île de Gloubbdoubdrie, où le gouverneur est un sorcier qui a le pouvoir d'invoquer les esprits. Il demande à Gulliver lesquels il aimerait voir pour les questionner. Il fait ainsi venir César, Brutus, Homère, Sophocle, Euripide, Aristote, Descartes et des grands personnages plus récents. Il sortira déçu de leur entretien, où il découvrira que le bien n'est pas toujours récompensé et que souvent l'injustice prime.
Arrivé à Luggnagg, il doit se présenter au roi, qui lui fait lécher le sol. Il va y rester trois mois et découvrir le sort, peu enviable, des immortels. Condamnés dès leur naissance à vivre indéfiniment, mais malheureusement leur corps et leur esprit continuent de vieillir. Il rejoint ensuite le Japon, puis repart sur un navire hollandais en direction des Pays-Bas et d'Angleterre...

Voyage au pays des Houyhnhnms

Quatrième et dernier voyage, ou le narrateur est capitaine d'un vaisseau dont l'équipage se révolte et le débarque en cours de route. Il se retrouve sur une île où les habitants pensants et parlants sont des chevaux, les houyhnhnms. Il y rencontrent d'étranges animaux, les yahous, qui sont en fait des hommes dégénérés, recouverts de poils, vivant nus et se nourrissant de viande crue. Il y restera trois ans, là encore il apprendra la langue et se mettra à penser comme ses habitants. Il est dégoûté de lui, des autres hommes, qu'il voit désormais comme des "yahous". Il ne rêve que d'une vie simple, sans mensonges, mais va devoir partir, car les habitants l'assimile avec les autres yahous et ont peur qu'il fomente avec eux une prise de pouvoir. 

Il tente un moment de vivre seul sur une île déserte, mais est capturé par des portugais qui peu à peu tentent de le raisonner et le renvoie chez lui en Angleterre, ce qui ne lui plaît pas vraiment. Il lui faudra un long temps d'adaptation pour revenir à une vie normale, mais il reste cependant méfiant à l'égard des autres hommes...

En conclusion de cet ouvrage satirique, Swift nous interpelle ainsi : " Le principal but d’un voyageur qui publie la relation de ses voyages, ne doit-ce pas être de rendre les hommes de son pays meilleurs et plus sages, et de leur proposer des exemples étrangers, soit en bien, soit en mal, pour les exciter à pratiquer la vertu et à fuir le vice ? "

Jonathan Swift a publié cet ouvrage en 1726 alors qu'il est doyen de la cathédrale Saint Patrick à Dublin où il enterré, auprès de Stella qu'il avait peut-être épousée. Dans cette même cathédrale on trouve aussi une vitrine de souvenirs...

  

 

Une édition en PDF est disponible légalement ICI.