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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
17 novembre 2019

Les Chants du crépuscule

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Parce que  j'ai passé une partie de l'été avec Victor Hugo, j'avais envie de (re)lire ses oeuvres. Même si je n'ai évidemment pas tout lu, Hugo est de ces auteurs dont l'oeuvre immense (en taille comme en intérêt ) fait que l'on en découvre toujours des morceaux inconnus. 

Ainsi j'avais lu Notre Dame de Paris, des recueils de poèmes comme Les Orientales, Odes et Balades, Les Châtiments et La légende des siècles, lu également la célèbre Préface de Cromwell, pour un devoir sur l'histoire du théâtre. 

Je n'ai lu  pour l'instant que Les Chants du crépuscule , je me garde les deux autres recueils pour une lecture ultérieure. 

Lorsque Victor Hugo écrit Les Chants du crépuscule, il a trente-trois ans, est marié depuis treize ans et père de quatre enfants. Il est -pour lui et pour l'époque - déjà au milieu de son âge, même s'il vivra jusqu'à quatre-vingt-six ans . A cette époque il écrit surtout du théâtre, mais fait paraître quelques recueils de poésie. 

Le crépuscule est pour Victor Hugo la fin d'un monde, autant sur le plan politique que dans sa vie personnelle, mais aussi le début d'une autre vie. Les thèmes de ses poésies sont donc à la fois politiques, sociaux et amoureux.

Après Napoléon et la Restauration, qui a vu se succéder Louis XVIII et Charles X, la révolution de juillet 1830 ( Les Trois glorieuses) propulse Louis-Philippe sur le trône, avec un nouveau régime constitutionnel, la Monarchie de Juillet. Dans sa vie privée, son épouse Adèle, fatiguée par de nombreuses grossesses, le repousse et il rencontre Juliette Drouet, son grand amour.

C'est donc un mélange assez hétéroclite d'odes à des personnages politiques, à la révolution, aux soldats morts pour la patrie, des poèmes "sociaux", dénonçant la misère et la pauvreté, et de textes vantant les mérites et la  beauté des femmes.

Le style de Victor Hugo est égal à lui-même, romantique, échevelé, un peu pompeux par instant, mais avec de belles envolées et souvent des vers superbes. Je garderai quelques vers en particulier, la fin du poème qui commence par ces mots "Puisque j'ai mis ma lèvre, à ta coupe encor pleine.." :

Je puis maintenant dire aux rapides années :
- Passez ! passez toujours ! je n'ai plus à vieillir !
Allez-vous-en avec vos fleurs toutes fanées ;
J'ai dans l'âme une fleur que nul ne peut cueillir !

J'ai été amusée de découvrir l'origine du poème de Prévert Tentative de description d'un dîner de têtes, à Paris-France ...

Victor Hugo a écrit une hymne très pompeuse, patriotique à souhait, qui commence par ces vers :

Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.
Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;
Et, comme ferait une mère,
La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau !

La "version " de Jacques Prévert est beaucoup plus satyrique et révolutionnaire :

Ceux qui pieusement…
Ceux qui copieusement…
Ceux qui tricolorent
Ceux qui inaugurent
Ceux qui croient
Ceux qui croient croire
Ceux qui croa-croa
Ceux qui ont des plumes
Ceux qui grignotent
Ceux qui andromaquent
Ceux qui dreadnoughtent
Ceux qui majusculent
Ceux qui chantent en mesure
Ceux qui brossent à reluire
Ceux qui ont du ventre
Ceux qui baissent les yeux
Ceux qui savent découper le poulet
Ceux qui sont chauves à l’intérieur de la tête
Ceux qui bénissent les meutes
Ceux qui font les honneurs du pied
Ceux qui debout les morts
Ceux qui baïonnette… on
Ceux qui donnent des canons aux enfants
Ceux qui donnent des enfants aux canons
Ceux qui flottent et ne sombrent pas
Ceux qui ne prennent pas Le Pirée pour un homme
Ceux que leurs ailes de géant empêchent de voler
Ceux qui plantent en rêve des tessons de bouteille sur la grande muraille de Chine
Ceux qui mettent un loup sur leur visage quand ils mangent du mouton
Ceux qui volent des oeufs et qui n’osent pas les faire cuire
Ceux qui ont quatre mille huit cent dix mètres de Mont-Blanc, trois cents de Tour Eiffel, vingt-cinq de tour de poitrine et qui en sont fiers
Ceux qui mamellent de la France
Ceux qui courent, volent et nous vengent, tous ceux-là, et beaucoup d’autres, entraient fièrement à l’Elysée en faisant craquer les graviers, tous ceux-là se bousculaient, se dépêchaient, car il y avait un grand dîner de têtes et chacun s’était fait celle qu’il voulait.

Je me propose de lire plus tard les deux autres recueils complétant l'ouvrage Les Voix intérieures et Les Rayons et les ombres...

PAC

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