Bal tragique à Windsor

 Depuis quelques années les "cosy mystery" envahissent les tables des librairies : des romans policiers, souvent anglais, dans la lignée d'Agatha Christie, et plutôt "soft", au contraire des polars nordiques, sombres et gore. Les détectives sont souvent originaux, ainsi Agatha Raisin, Hamish Macbeth, les détectives du Yorkshire, Hannah Swensen, Loveday et Ryder ... Certains auteurs confient l'enquête à des célébrités telles Voltaire, Jane Austen, les soeurs Mitford, Oscar Wilde et bientôt les soeurs Brontë ! Ici S.J. Bennett a fait très fort, puisque  l'enquêtrice n'est autre que sa majesté Elizabeth II !!

Naturellement, étant donné son statut et son âge - le roman débute à la veille de ses quatre-vingt dix ans - elle ne va pas rechercher elle même les indices ni interroger les témoins. C'est sa secrétaire particulière, Rozie Oshodie, ancienne militaire, d'origine nigériane, qui va oeuvrer à sa place . 

Le crime en question est assez osé, puisqu'il a lieu au château de Windsor, au lendemain d'une réception donnée par la famille royale. La victime, Maksim Brodski, un jeune pianiste russe, avait même dansé avec la Reine et fait tourner les têtes de toutes les femmes présentes. Lorsqu'il est retrouvé nu, pendu dans la penderie de sa chambre, à l'aide de la ceinture de son peignoir mauve, tout le personnel est en émoi.

Il faut évidemment éviter que la presse ne s'empare de l'affaire en insistant sur les détails scabreux. Mais les spécialistes du MI5, dépêchés sur place, soupçonnent un agent dormant, envoyé par Poutine parmi le personnel. Elizabeth II ne peut envisager cette possibilité. Et elle va tout faire pour que l'enquête soit terminée avant l'arrivée du couple Obama.

L'idée de départ est certes originale, j'ai aimé découvrir la souveraine dans son intimité, sa complicité avec son époux, sa passion pour les chevaux et les corgis. L'auteure qui, selon l'éditeur, " a elle-même failli devenir la secrétaire particulière adjointe de sa Majesté", connait bien son sujet et c'est intéressant de voir les rouages du palais, tout ce qui se cache derrière l'image véhiculée par les journaux. S.J. Bennett donne une image très positive de la Reine, empathique, préoccupée par son personnel qu'elle estime être une grande famille. Bien loin de l'attitude intransigeante qu'elle peut avoir lors de certains conflits familiaux...

J'ai cependant été déçue par l'intrigue policière en elle-même, sa résolution un peu hasardeuse. Le rôle de la Reine, qui se contente de poser des (bonnes) questions pour aiguiller les enquêteurs est quand même bien léger... Une lecture agréable et dépaysante en ces temps où il est difficile de voyager au Royaume-Uni !!