Ondine (1939)

  Il y a fort longtemps, du temps que j'étais jeune et belle, lorsque j'étais en fac, j'ai beaucoup lu de théâtre. Pour mes études, mais aussi pour le plaisir. Cet été j'ai envie de me plonger (c'est le cas de le dire !) dans le monde des sirènes et en faisant un peu de rangement, j'ai retrouvé mon vieil exemplaire de la pièce de Giraudoux.  J'en avais gardé un très bon souvenir et j'avais aussi adoré l'interprétation d'Isabelle Adjani, vu à la télévision (à une époque lointaine où on pouvait voir du théâtre en "prime time" ). J'ai d'ailleurs emprunté le DVD pour un nouveau visionnage. 

Giraudoux a repris un conte de Friedrich de La Motte-Fouqué, écrit en 1811 et qu'on peut lire et télécharger gratuitement, mais il lui ajoute une dimension théâtrale.

Le personnage principal, Ondine, a été adoptée par un couple de pêcheurs dont la fille leur avait été enlevée. On apprendra plus loin dans la pièce ce qu'elle est devenue. Ondine est fantasque, naïve, elle aime les eaux vives, la pluie, l'orage, se fâche lorsque Eugénie fait cuire les truites "au bleu". Un soir, Hans, un chevalier errant , demande l'hospitalité. Ondine en tombe immédiatement amoureuse. L'attirance est réciproque et Hans, bien que fiancé à Bertha, la fille du roi, se laisse séduire. Le roi des ondins, son oncle,  passe alors un pacte avec elle. S'il la trompe, il mourra. La magie du théâtre nous permet alors de voir les événements à venir...

Même si, par moment, la pièce est un peu datée, elle n'est pas ringarde et cela lui donne plutôt un côté surrané et poétique. Giraudoux nous gratifie de quelques aphorismes que ne renierait pas Oscar Wilde :

"Ne sais-tu pas que c'est l'usage, chez les hommes, de faire dire son amour par des idiotes comme toi, qui chantent ou qui récitent. On les appelle des poètes."

"Au fond, nous autres hommes sommes tous les mêmes [...] Vaniteux comme des pintades. Quand elle me disait que j'étais beau, je sais que je ne suis pas beau, mais elle me plaisait. Et elle m'a déplu quand elle m'a dit que j'étais lâche, et je sais que je ne suis pas lâche.."

"C'est tout petit dans l'univers, le milieu où l'on oublie, où l'on change d'avis, où l'on pardonne, l'humanité, comme vous dîtes..."

"Souvent les hommes qui trompent aiment leurs femmes. Souvent ceux qui trompent sont les plus fidèles. Beaucoup trompent celles qu'ils aiment pour ne pas être orgueilleux, pour abdiquer, pour se sentir peu de chose près d'elles qui sont tout."

La magie de la langue de Giraudoux a opéré de nouveau et j'étais ravie de cette relecture. J'ai ensuite revu l'enregistrement de la pièce à la Comédie Française, mise en scène par Raymond Rouleau. J'ai adoré retrouver des formidables acteurs et actrices comme  François Chaumette, Jean-Luc Boutté, Jacques Toja, Michel Duchaussoy, Nicolas Silberg, Francis Huster, Denise Gence, Geneviève Casile, Catherine Hiegel...

A déguster sans modération...