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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
16 janvier 2023

Ravage

ravage Ravage a été écrit en 1942. J'étais curieuse de découvrir un des premiers romans de science-fiction français, qui fait tristement écho à des problèmes actuels tels que le réchauffement climatique et le risque de manquer d'électricité.

 L'action se situe en 2052, l'industrie a totalement modifié les paysages et les habitudes du siècle précédent. L'agriculture et l'élevage sont remplacés par la chimie. Le lait de synthèse coule du robinet et on le chauffe pour faire du beurre. Plus question de tuer des animaux pour se nourrir, chaque restaurant possède une matrice dans son sous-sol, dans laquelle d'énormes tranches sont coupées, et qui se régénère aussitôt. Les fruits et légumes sont cultivés dans des usines, tout au long de l'année, sans tenir compte des saisons. Dans les villes surpeuplées les immeubles sont empilés. Les morts ne sont plus enterrés mais conservés dans des chambres froides, individuelles ou communes. Ainsi les ancêtres trônent au milieu du salon des plus riches, figés dans leurs plus beaux atours.  

François Deschamps, le héros de l'histoire, rejoint Paris, où il s'est présenté au concours d'entrée à l'école de chimie agricole, et se réjouit d'y retrouver Blanche  une amie d'enfance qu'il espère épouser. Mais cette dernière rêve de célébrité et de vie facile, qu'il aura du mal à lui procurer. De l'autre côté de l'Océan, l'Empereur brésilien Robinson, déclenche une guerre contre les blancs esclavagistes. Et soudain, dans le monde entier, l'électricité est coupée, tous les véhicules sont immobilisés, les avions s'écrasent. Tout s'arrête. 

 Dans cette dystopie, Barjavel décrit un monde ravagé, revenu à l'état sauvage. Les habitants ne savent plus rien faire par eux-mêmes. Les scènes de paniques, de pillages, de violence se succèdent. Les incendies, le choléra et les cadavres se multiplient. François, issu d'un milieu paysan et plutôt débrouillard, tente de sauver la femme qu'il aime et cherche à retourner dans son village.

Dire que j'ai aimé ce roman serait exagéré, mais j'ai été fascinée par l'inventivité de l'auteur pour tout ce qui concerne la fabrication des objets du quotidien en "plastec", les usines de nourriture, qui rappellent beaucoup celle du film L'aile ou la cuisse (1976) et toutes les "innovations" tant techniques que scientifiques. Beaucoup d'éléments font froid dans le dos : les centres d'électrothérapie, la conservation des défunts et la fabrication de la nourriture.  

Je n'ai pas vraiment apprécié la dernière partie du roman, où François, enfin rentré dans sa Province, recrée un monde nouveau, élitiste et machiste. Je veux croire que c'est une façon de montrer l'absurdité de revenir à un monde sans culture, sans progrès scientifique et sans instruction. Une autre forme de dictature en quelque sorte. Mais je ne suis pas certaine que telle était l'intention de Barjavel.

J'ai, par contre beaucoup beaucoup aimé son style. Certains passages, où il accumule les termes, m'ont évoqué le Prévert du Tentative de description d'un dîner de têtes de Paris-France. Une lecture nécessaire, parfois difficile à supporter, car les descriptions et le peu d'empathie et de solidarité des parisiens font frémir. Mais c'est un roman qui fait réfléchir sur la mécanisation à outrance, la quantité de choses qui reposent sur la technologie et la nécessité de ne pas en être trop dépendant...

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Commentaires
T
Bonjour<br /> <br /> Je croyais bien me rappeler ce livre (les pouvoir surnaturels donnés par l'irradiation, la capacité à ressusciter...; le paysan de province qui demande, étonné: "que catastrophe?" quand les "réfugiés" y arrivent...;et la mort terrible de François. Mais je m'aperçois à lire vos descriptions que j'ai tout à fait oublié la fin! Je sens que je vais me le relire dans le cadre du challenge "2023 sera classique" de Nathalie et Blandine!<br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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