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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
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Alice, Arsène, Jamie, Thursday... et les autres
10 février 2022

Une si longue lettre

si longue lettreMariama Bâ est une auteure sénégalaise née à Dakar en 1929. Divorcée, remariée, mère de neuf enfants, à dix-huit ans elle entre dans l'enseignement. Son premier livre Une si longue lettre obtient le prix Noma en 1980. Elle meurt en 1981, peu avant la publication de son second roman Un chant écarlate.

***

Une si longue lettre a été écrit en 1979. Ramatoulaye vient de perdre son mari. Obligée de rester chez elle, pour respecter la période de viduité de quatre mois et dix jours, selon le rite musulman, elle écrit à son amie d'enfance, Aïssatou, divorcée et qui travaille pour l'ambassade du Sénégal aux Etats-Unis. Dans ce court roman épistolaire, elle raconte et compare leur histoire.

Aïssatou, fille d'un forgeron, a épousé Mawdo, un médecin. Mais sa belle-mère ne peut supporter cette mésalliance et prépare sa vengeance. Elle élève alors Nabou, sa jeune nièce, la fille de son frère et la propose à son fils comme seconde épouse. Même s'il n'est pas d'accord, il cède au chantage de sa mère et Aïssatou quitte le domicile conjugal avec ses quatre enfants et part en France puis aux Etats-Unis.

Ramatoulaye a épousé Modou, qu'elle a rencontré dans des réunions politiques, alors qu'ils étaient étudiants. Contre l'avis de sa mère, qui lui affirmait qu' "une femme doit épouser l’homme qui l’aime mais point celui qu’elle aime ; c’est le secret d’un bonheur durable." Ils ont été mariés trente ans et ont eu douze enfants. Elle tient la maison et enseigne également. Elle découvre, le jour même du mariage, que son mari a pris comme seconde épouse une amie de leur fille aînée, Binetou, sous l'influence de sa mère. Modou va alors quitter la maison pour vivre avec elle. Ramatoulaye, qui a fait le choix de rester pour ses enfants, vit d'une manière indépendante, va seule au cinéma et apprend à conduire.

Après la mort de son mari, plusieurs hommes proposent de l'épouser, mais elle les refuse. Même si Daouda, ancien prétendant et favori de sa mère, et avec qui elle discute avec plaisir de politique, semble un choix raisonnable, elle ne veut pas être pour son épouse Aminata, celle qui détruira leur couple, comme elle l'a expérimenté elle-même. Elle regarde autour d'elle et voit peu à peu la condition des femmes changer. Ainsi, le mari de Daba, sa fille aînée, la considère comme une femme,  pas comme une esclave ou une servante. Elle reste persuadée que le bonheur passe par l'amour dans le couple.

Ce roman est un témoignage poignant sur la vie des femmes africaines, le poids des traditions, perpétrées malheureusement souvent par elles-mêmes et la difficulté à changer les mentalités. Certes le texte date de la seconde moitié du vingtième siècle et les conditions de vie sont différentes, mais l'égalité entre les hommes et les femmes est encore loin d'être acquise. Un texte essentiel, qui ne peut pas laisser indifférent.

 

drapeau-du-senegal

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