Vingt-quatre heures d'une femme sensible

Après Isoline de Judith Gautier, voici le second ouvrage que je lis dans la collection Œuvre du Matrimoine. Constance de Salm, que je ne connaissais pas, est une poétesse et femme de lettres née à Nantes en 1767 et morte à Paris en 1845. Elle tient un salon littéraire à Paris pendant le Directoire et le Premier Empire et s’installe ensuite en Allemagne, où son second mari a acheté le château de Ramersdorf.

Vingt-quatre heures d’une femme sensible, écrit en 1824, mais publié seulement en 1842 est un roman épistolaire, où une jeune femme adresse une quarantaine de lettres à l’homme qu’elle aime.

Sans nouvelle de lui, elle lui écrit tout au long d'une journée. Avec ces lettres nous découvrons leur histoire. Elle devait épouser l’oncle du jeune homme, le prince de R***, mais a rompu ses vœux par amour pour lui. Comme le jeune homme doit sa fortune au prince, ils se voient en secret. La veille au soir, elle l’a vu partir avec une autre femme, Madame de B*** et la jalousie la ronge. Elle envoie son valet chez lui et il lui apprend qu’il est parti dans la nuit, accompagné d’une femme, pour la campagne. Lorsqu’elle découvre que madame de B*** était avec lui, que le prince était présent et qu’un mariage aurait été célébré, elle se croit trompée et envisage de se tuer.

La multiplicité des lettres nous montre toutes les étapes par lesquelles passe la jeune femme : jalousie, inquiétude, espoir, crainte, suspicion, doute, désespoir, résignation. Au gré des annonces qui lui sont faites, ou de ce qu’elle découvre par elle-même, elle est prête à pardonner et même à se déshonorer pour son amant. Même si le lecteur (ou la lectrice) moderne se doute rapidement que les apparences sont trompeuses et que la vérité est ailleurs, j’ai beaucoup apprécié ce court recueil, qui décrit si joliment la passion et les tourments d’une femme amoureuse.